NDLR #2 (2021-02-07): Ben oui, allo! Chu (re)back. Là, au moins, j'ai un ordi. Ça va mieux, pour écrire. Je (re)commence ça rough avec l'équivalent d'un vieux papier froissé qu'on regarde, on dit "Ah ouiii, ça!". Déplie, déplie, déplie le petit papier. Ah - c'est sur le back burner depuis 5 ans. Pourquoi on ne l'a jamais publié? On décide derechef "Ah pis phoque, je le publie pareil. J'ai juste à mettre une NDLR #2".
NDLR #1 (2018-06-07): Cette note a été écrite, à l'origine, le 24 juin 2016, et jamais publiée parce que crue perdue. Mais là, Fidèles et Avides Lecteurs de mon coeur, je viens de prendre une résolution il y a quelques semaines de revenir vous voir parce que vous êtes si charmants et patients, et en plus c'est super beau votre nouveau cheveu. Alors tantôt, j'ai retrouvé cette note, cachée dans mon téléphone. J'ai tapé ça dans mon téléphone. En tout cas. Bonne lecture, je vous embrasse.
Bonne
Fête nationale! À chaque St-Jean, à chaque fois que je souhaite ça à
quelqu'un ou que je l'entends, je me dis: "À quel point est-ce que je suis
souverainiste? À quel point suis-je prête à me battre pour mon pays?"
Comme si être souverainiste, ça devait absolument vouloir dire qu'on ira à
l'extrême. Y a t'il un Manuel du petit souverainiste parfait? Si on
m’assoit avec un pur et dur, un vrai de vrai, est-ce que la conversation
ressemblera à ceci?
"Hey, bonne St-Jean!""Bonne St-Jeaaaaan!"(ici on entend un clonk de bouteilles qui s'entrechoquent)"Je suis fière d'être une franco-ontarienne qui est devenue québécoise!""Ben t'es pas québécoise, d'abord. T'es canadienne, c'est tout."
Fin
de cette conversation-là.
...ou
encore:
"Bonne St-Jeaaaaan!""Ben oui, à toi aussi! *clonk* Yeaaaah!""Faque là c'est quoi que tu disais, t'as un blogue? T'écris quoi? Y'a tu beaucoup de monde qui te lit?""Ohhh non c'est vraiment pas, c'est pas un affaire de popularité, c'est plus comme un exutoire où je suis un petit peu anonyme. J'écris pour sortir des idées de ma tête, grosso modo. J'ai même un personnage qui fait la narration de ma vie. Y'a des personnages récurrents. Comme Little Person Living Inside my Head. C'est un genre de petit être, là, euh, comme un Gollum, pis...""C'est quoi, c't'en anglais ton affaire?""...y'est comme, il porte un genre de pagne, ou un euh, un loincloth, là...euh oui, oui j'écris en anglais.""Ben pis notre langue à nous, tu t'en câlisses? En tout cas je te donne aucun point pour ton effort pour la sauvegarde de la langue de notre peuple!""...euh...""Pis après ça t'es fière d'avoir une fleur de lys sur la joue pis tu fêtes la St-Jean. Bravo."
Ouf. Dans les dents.
Ma
vision à moi d'être québécoise, c'est une vision idéaliste qui, je m'en rends
bien compte, frôle l'utopie de si proche qu'elle pue ça à plein nez et que ça
me brise mon fun de dire bonne St-Jean. Comme franco-ontarienne, un
jour, par besoin de soutenir une cause, je me suis déclarée québécoise. Je
votais oui au référendum de 95 à l'hôtel de ville de Cap-Rouge, à l'époque. Ça allait être une cassure
majeure: un grand craquement de la croûte terrestre elle-même alors que se
détacherait un nouveau pays, en partant du haut de l'Abitibi, en se tordant vers la droite,
puis en se scindant physiquement jusqu'en bas, à Hull dans le temps. Dans un
grand soupir, tous les unifoliés encore hissés choiraient simultanément. Au
ralenti, en noir et blanc, c'était l'exode des fédéralistes. On les regardait
partir en silence, avec leurs valises, et on rebâtissait notre nouveau pays. Là ça devenait weird,
mon affaire, parce qu'on était soudainement tous des hippies et tout le monde
était buzzé. Mélange d'époques, c'est tout. J'aurais voulu vivre avec des
cheveux longs, des jupes longues, mille bracelets et des fleurs dans les
cheveux. Bon, il n'est jamais trop tard. But I digress.
Mon
Québec est un Québec inclusif sans les double standards. C'est un
endroit où les gens sont accueillants et tolérants, et où ceux qu'on accueille
nous ressemblent ou pas, et ont les mêmes opinions que nous ou pas. Et où c'est correct de parler une autre langue, voire deux autres langues.
Pis on apprend quand même à vivre ça bien, comme des gens civilisés. Je veux pas être trop gore, mais si on nous slice avec un scalpel, là, ben on saigne tous rouge. C'est juste que là, on a pas besoin de se slicer.
...c'est beau, être un pays.